Je me retournais dans mon lit. Ma nuit était agitée. L'un de mes bras s'échappa de sa prison de flanelle et fut expérimenté à l'air ambiant de ce début de mois de novembre. J'émis un léger soupir de plaisir avant d'ouvrir pleinement les yeux. Lové dans mes draps je ne souhaitai pas me lever. Pourtant, tourner virer dans mon lit m'était insupportable. Je me retirai de ma couche et m'habillai en quatrième vitesse. Le dortoir était vide. Rapidement, je vis que l'heure était déjà bien avancée. Par la fenêtre, le soleil, de sa lumière bienfaitrice, emplissait la pièce. J'allai glisser ma montre au poignet, quand une araignée velue commença à me titiller le bout de mes doigts. Je fis un bon en arrière, tombant sur le dos. Je fermai les yeux, je respirai un grand coup, je les rouvris. Elle était toujours en folle balade sur ma main. Je la secouai énergiquement. L'araignée, par ce mouvement continu, fit un vol plané, et s'écrasa au sol. Toutefois, elle n'était pas morte, malheureusement pour moi. Emporté dans mon élan, j'empoignai la carafe d'eau de porcelaine et la lançai sur la bestiole. Elle se fracassa, répandant son contenu sur le parquet. J'étais arrivé à mes fins. L'araignée gisait recroquevillée, sur le dos, immobile. Elle était morte. Je fus sauf. Mon cœur, qui battait la chamade, commença à se calmer.

Les jambes un peu vacillantes, je descendis les deux, trois marches qui me séparaient de la salle commune. A l'intérieur, pas grand monde. Heureusement pour moi, je pourrais respirer sans difficulté. Concentré sur mes pas, je ne remarquai aucunement, les filles qui me reluquaient de leurs regards sauvageons. J'étais vraiment convoité. J'en rougissais bêtement. Je ne pris pas la peine de me rendre dans la grande salle. L'heure tardive sonnait le glas du déjeuner. Mon ventre affamé patienterait quelques heures sans rechigner. Prestement je traversai le hall désertique. Personne à l'horizon.

Soudain, je fus surpris par des mains qui me voilèrent le regard. Je sentis un souffle chaud au creux de mon cou. Je déglutis avec beaucoup de difficulté. J'avais horreur d'être privé de l'un de mes sens. J'étais dès lors comme le Père Noël sans ses rênes, pour reprendre une croyance folklorique profane. J'étais complétement démuni. Je me mordis les lèvres jusqu'au sang par anxiété. Le goût acre me dégouta. J'eus une envie soudaine de dégoupiller. Je me retins, attendant, au plus profond de moi, la délivrance. Toutefois, la personne fourbe ne voulait en aucun cas, pour l'instant, me rendre la vue. Je n'eus aucun indice concernant mon geôlier mis à par son parfum. Un parfum floral imprégna mes narines. Sauf erreur de ma part, je mettais ma main à couper que l'inconnu était une inconnue. Comme une sournoise allergie je fus pris de tremblements intempestifs. Tel un animal sur la défensive, mes poils hérissèrent. Mes traits se durcirent instantanément. Face à mon comportement somme toute étrange, les mains se retirèrent d'elles-même, mes yeux retrouvèrent la lumière. Une voix légère, haut perchée, siffla à mon oreille:

Ses paroles lourdes de sens m'horrifièrent. La poussant violemment au sol, je m'échappai. Derrière moi, la donzelle me traita de gougeât. Pris dans mon élan de fuite, je manquai de me rompre le cou. Je fis quelques pas sur la pelouse, et, appuyant mes mains sur mes genoux, je me penchai et je vomis. Les personnes, aux alentours, me regardèrent stupéfiées. Certains, d'un geste théâtral grotesque, mirent une main sur la bouche, comme si mon vomi était le signe d'une mort prochaine due à un microbe. Certains, les plus fragiles, s'empêcher eux-même de vomir. Il semblerait que, comme le bâillement, c'est un acte contagieux. D'autres me flagellaient du regard. Mon visage déjà blanc en règle générale, l'était plus encore. Une licorne aurait été jalouse à côté de moi. Sortant de ma poche un mouchoir, je le passai sur mon front pour en retirer la sueur. Sporadiquement, mon corps était pris de légers frissons, tremblements, encore dus au choc précédent. Je levai les yeux au ciel, par dépit et respirai un bon coup.

Mon esprit fabulant encore sur le contact d'avec une fille qui me provoquait des tremblements chroniques, je fus rappeler à la réalité par des bruits sourds. Je zyeutai de part et d'autre du parc et au loin, je vis une chevelure blonde. Mon visage s'illumina un tantinet. Je reconnaissais la personne. Elle s'amusait avec le Saule Cogneur. Avec prudence, je m'approchai car ce dernier me donnait froid dans le dos. J'essayai de me décontracter. J'avoue, dans mon cas, c'est quelque chose de plus facile à dire qu'à faire. J'étais à présent à quelques mètres de la demoiselle. Non, je ne tremblai pas, elle était différente. Je la vis une nouvelle fois lancer une caillasse en direction de l'arbre mouvant. Au contact des deux éléments, de pierre et de bois un bruit ignoble à l'ouïe naquit. Elle s'immobilisa, percevant sans doute. Je signalai ma présence.